Car S

Souvent, de plus en plus souvent, je zappe les infos à la radio ou à la télé, de même que les documentaires catastrophés ou catastrophistes et les scandales dénoncés avec force effets de manche et dont apparemment tout le monde se fiche.

Eh oui, ma pov'Lucette, nous vivons une époque bien trouble, et même dans une vie sans stress et sans contraintes (telle que la mienne depuis les 18 mois que je suis "femme au foyer"), on trouve des raisons de déprimer de temps en temps tant le tableau est noir....

J'ai pourtant tenté de mettre le bout de mon nez dehors, et cru par deux fois que j'allais redevenir une working girl (...euh....à ce stade, je pense que "girl" le fait plus tout à fait...."woman" sera plus réaliste....je suis honnête, moi!).

Le seul vrai enseignement de mon expérience récente et de celle de tous mes amis (qui trouvent désormais en moi une oreille amie infiniment plus disponible que lorsque j'occupais un poste à plein temps), est qu'on est dans la perte de sens et de valeurs, de plus en plus....

Dans mon monde sans doute un peu trop bisounoursien, la parole donnée n'engageait pas que celui qui la recevait, une grande partie des relations de travail reposait sur la confiance, et il était inconcevable de revenir sur un quelconque engagement, même purement verbal.

Mais en racontant autour de moi que lors de mes deux embauches récentes, qui avaient été verbales, la poignée de main n'avait jamais été suivie de son corollaire le contrat, on m'a dit que "tant que l'encre n'est pas sur le papier", rien n'est sûr. Les "ventes de peau d'ours" et autres "écrits qui restent" attestent du bon sens de tout ça, mais cela reste tout de même assez discutable en fonction du contexte.

De plus, lors de ma première mésaventure professionnelle, j'avais affaire à quelqu'un pour qui j'avais beaucoup de respect et qui semblait tout à fait digne de la plus grande confiance. Non content de démentir sa parole donnée d'une embauche effective qui remontait à  trois mois auparavant, il l'a dénoncée l'avant-veille de ma prise de fonction...je suis tombée de très haut....et j'ai bien accusé le coup.

Deux mois plus tard, je me suis organisée en vingt-quatre heures pour passer, d'un coup d'un seul, de "maman-poule" à "éternelle absente" pour mes enfants. Il s'agissait de prendre au pied levé une mission temporaire. Le recruteur avait passé 6 demi journées à selectionner bibi parmi les six candidats qu'on lui avait proposé....et la mission a été annulée le lendemain de la sélection finale, en pleine rédaction du contrat!

Est-ce que je joue de malchance ou est-ce que c'est juste n'importe quoi? 

Que de temps, d'énergie, d'espoirs et d'enthousiasme brûlés pour rien!!!!

Mais si je jouais simplement de malchance, tous mes copains ne se plaindraient pas aussi unanimement de l'inconséquence de recruteurs professionnels qui vous font arpenter l'Europe en trois jours pour rencontrer les décideurs d'une entreprise, et vous laissent sans nouvelles pendant des semaines. La rédaction d'un e-mail informant d'une non sélection ne prend pas de temps: ils sont tous préfabriqués; et son envoi ne prend que quelques secondes et ne coûte presque rien....!!! Alors quoi??

Si c'était juste moi qui cafouillais, pourquoi mes amis qui négocient des fonciers avec des promoteurs se feraient ils retoquer d'une négociation de gré à gré parce que soudain, le vendeur décide de lancer un appel d'offres après avoir passé un accord de cession verbal?

Il semble que la déontologie soit un gros mot pour le monde des affaires aujourd'hui.

Peut-être certains n'en connaissent-ils même pas le sens?

Au risque de paraître abominablement ringarde, il me semble que de faire son travail honnêtement est quelque chose de très précieux, au point que cela reste une vraie satisfaction même quand tout le reste est oublié.

On m'a raconté qu'un couvreur breton refusait systématiquement de relancer ses mauvais payeurs, pensant que la mauvaise conscience de ses débiteurs était leur plus grande punition. Mais qui a encore mauvaise conscience dans le monde de l'entreprise qu'on nous propose aujourd'hui?

Le roublard est le rusé, celui qui a "tout compris", et on lui reconnaît volontiers le "sens des affaires".....

On se croirait dans une jungle où la loi du plus fort est la seule qui reste, et dont les valeurs n'existent que quand elles ne sont pas trop contraignantes....c'est un peu dommage, non, de trainer des milliers d'années de civilisation pour en revenir là??!!!!!